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Un peu d’Ébén-Histoire

L’Abbaye de Saint-Antoine-des-Champs avaient le privilège de faire travailler sur ses terres des ouvriers libres dispensés de la maîtrise. Les artisans du bois – menuisiers, ébénistes, sculpteurs, tourneurs, doreurs, vernisseurs- s’y installent en nombre.

Ébén-Histoire ou les origines du faubourg Saint-Antoine à Paris.

Armoires et cabinets Boulle

Armoires et cabinets Boulle

Cette 4ème partie de l’Ébén-histoire que je vous propose, en dit un peu plus sur les origines d’André-Charles Boulle.

La marqueterie, dont Boulle est le maître incontesté, connaît sous Louis XIV un grand développement. D’où vient André-Charles Boulle?

Né en 1642 et mort en 1732, ses parents sont installés dans la galerie du Louvre depuis deux générations. Venus de Suisse sous Henri IV, ils sont dispensés de la maîtrise, c’est à dire qu’ils dépendent directement du roi. Bien que fournisseur du roi, Boulle lui-même échappe à l’autorité de Le Brun. Il sut s’entourer d’artistes de talent comme Claude Berain (graveur de compositions servant de guide) ou Caffieri (sculpteur sur bois).

Armoires et cabinets Boulle

Les armoires Boulle

Rares et somptueuses, les armoires Boulle ont une silhouette assez raide. Incrustées de cuivre et d’écaille, elles ont des corniches, des charnières et des socles soulignés d’admirables bronzes.armoire_BoulleLa marqueterie de Boulle s’exécute à partir de matériaux très différents. Elle utilise de nombreux bois aux couleurs variées et contrastées : le jaune de l’amandier et du buis, le blanc pur du houx, le rouge du poirier, le gris rosé du bois de Sainte-Lucie, la gamme des bruns allant jusqu’au noir du noyer.

Armoires et cabinets Boulle

La marqueterie de Boulle, à base d’éléments minéraux et animaux, utilise d’une part le cuivre, l’étain et l’argent, et d’autre part la corne, l’écaille, la nacre et l’ivoire. Cette dernière technique permet de faire simultanément 2 compositions ornementales très fines: – dans l’une le fond est en écaille, le décor est en cuivre. C’est la marqueterie « en première partie ». – dans l’autre, le fond est en cuivre, le décor est en écaille : c’est la marqueterie « en contrepartie ».

Les cabinets Boulle

Le cabinet (détrôné par la commode) plus particulièrement le cabinet posé sur un meuble d’appui, est aussi typique du XVIIe siècle que le buffet sculpté l’a été du XVIe.cabinet_BoulleSur la vue un « cabinet à marqueterie d’ébène et d’écaille, fabriqué pour la Couronne de France. Sans doute est-ce une des premières oeuvres d’André-Charles Boulle. » Extrait de Histoire du mobilier -Edward Lucie-Smith- Collection l’univers de l’art- Editions Thames & Hudson.

La commode Boulle

La commode Boulle

Dans la nouvelle série : Ebén-histoire

Aujourd’hui le troisième volet.

Précédemment dans Menuisiers en ébène : à la fin du XVIe siècle, début de l’utilisation de l’appellation « menuisiers en ébéne ». Ces artisans fabriquent principalement des cabinets marquetés. Le faubourg Saint-Antoine devient un exemple.

La commode Boulle

Le ministre du roi, Colbert et Le Brun* découvrirent le talent d’ André-Charles Boulle qui fût convoqué dans la maison des Gobelins, rue Mouffetard. Petit rappel historique : dés 1450, Jehan Gobelin avait fait fortune dans la teinturerie et Colbert avait acheté cette maison 40 000 livres au hollandais Glucq (teinturerie de laine et atelier de tapisserie). Puis par la suite, Colbert recommande Boulle à Louis XIV et il entre au Louvre.

la commode Boulle
Louis XIV visitant la manufacture des Gobelins

En 1662, la Manufacture Royale de glaces et miroirs s’installe au Faubourg. Désormais Louis XIV souhaite se regarder dans un miroir non plus vénitien (Murano) mais français. Vers 1666, A.C. Boulle intègre la manufacture des Gobelins, que le ministre Jean-Baptiste Colbert vient d’installer pour fournir Versailles en objets d’art. La manufacture des Gobelins est incluse dans la manufacture des meubles de la couronne et reçoit de l’édit royal en novembre 1667, son organisation définitive.

Les meubles doivent demeurer des accessoires qui mettent en valeur l’architecture et la décoration des bâtiments. Charles Le Brun.

la commode Boulle

Commode d’André-Charles Boulle avec trois tiroirs longs et deux courts sous la ceinture. Les incrustations en écaille de tortue et les détails des fleurs polychromes sont gravés sur un fond en cuivre. Le plateau est en marbre brocatelle d’Espagne. Pieds d’animaux.

La commode Boulle

Cette commode aux montants verticaux, à la façade et aux côtés plats, comporte quatre tiroirs. Le bronze des masques ou mascarons, des mains, de l’entrée des serrures et des chutes souligne sa marqueterie en écaille et en cuivre. La rigueur sévère de la ligne contraste très heureusement avec la somptuosité du décor. Extrait de Du Louis XIII à l’art déco Tous les styles – Elina Editions Sofédis

La commode Boulle fit prospérer le Faubourg pendant deux siècles.

* Charles Le Brun, peintre du roi, joua le rôle de commissaire des arts visuels. En d’autres termes, il s’occupait d’ouvrages de sculpture et d’ornement des bâtiments de la couronne, ainsi que du mobilier des châteaux royaux.

Menuisiers en ébène

Menuisiers en ébène

Dans la nouvelle série : Ébén-histoire

Aujourd’hui deuxième article.

Précédemment dans Eloges du bois de noyer : débuts de la corporation d’ouvriers du Faubourg Saint-Antoine vers 1465. L’abbaye de Saint-Antoine-des-Champs a le privilège de faire travailler sur ses terres, des ouvriers libres dispensés de la maîtrise. Les artisans du bois s’y installent en nombre.

Menuisiers en ébène

Les mots « ébéniste » et « ébénisterie » ne sont pas encore utilisés’.

Revenons au XVIe siècle. Aux alentours de 1590 on commence à nommer les menuisiers en ébène. Ils fabriquent des cabinets marquetés. Christophe a l’idée d’utiliser les services des meilleurs ouvriers hollandais pour relancer l’art du meuble. Cela intéresse fort Henry IV, Sully et le corps des ingénieurs. Le Faubourg si longtemps critiqué et combattu par les corporations, devient un exemple.

Menuisiers en ébène =  ébénistes –> marqueterie

Les menuisiers (tout court) fabriquent les sièges et les tables à pieds tournés. C’est un style crée sous Henri IV et les meubles sont montés en séries pendant tout le règne de Louis XIII.

À cette époque, on allait voir Molière à l’Hôtel du Petit Bourbon. 14 jours étaient nécessaires pour aller de Bordeaux au Faubourg Saint-Antoine, à pied et à mule.

L’Édit royal de 1657 confirme les ouvriers du Faubourg Saint-Antoine libres dans leurs privilèges.

Pour voir à quoi ressemble un cabinet marqueté, je vous conseille de consulter la vitrine d’AnticStore où j’ai prélevé cette photo d’un admirable travail de marqueterie. Vous pourrez voyager au fil des styles et des époques des meubles présentés.

menuisiers en ébène

 

Eloges du bois de noyer

Eloges du bois de noyer

Je vous propose un premier volet d’une nouvelle catégorie.

Ébén-Histoire est le nom de cette nouvelle catégorie.                       Nous découvrirons les débuts de la corporation d’ouvriers du Faubourg Saint-Antoine. Au fil des siècles, nous apprendrons comment le faubourg Saint-Antoine devint dans la première moitié du XVIIe siècle, le principal centre de production de cabinets d’ébéne sculptés et gravés. Durant la seconde moitié du siècle celui des meubles en marqueterie.

Les origines du faubourg Saint-Antoine

Les débuts de la corporation d’ouvriers du faubourg se situe aux environs de 1465 sous le règne de Louis XI. Voilà deux siècles que sur les Chantiers de Bercy, les chalans débarquent le bois destiné à la construction des maisons et des meubles. Grâce aux pouvoirs de basse et haute justice de l’abbesse*, les ouvriers de Saint-Antoine cessent d’être sous la coupe des jurandes parisiennes. Ces jurandes, charges de jurés dans la corporation d’artisans, avaient leurs propres règles rigides et contraignantes. Pour les ouvriers de Saint-Antoine, il suffisait d’être agréés par la Mère et de s’engager à fournir « un ouvrage honnête de bon bois sec et d’assemblage solide ». Ce qui allait de soit pour les gens du bois qui se considéraient comme les aristocrates des professions manuelles.éloges du bois de noyer

Le bois de noyer fait rêver

En 1535, le bois de noyer n’est pas encore utilisé. Il le fût par J.B. Thirion petit-fils de Pierre de la 3ème génération découvrant les attraits du bois de noyer. Les palmettes sculptées dans le noyer y apparaissent plus fines et plus joliment découpées que dans le chêne. « …le blond noyer dont l’or s’enrichit de châtoiements nouveaux, chaque fois qu’on le cire ». En 1540, un an après le passage de Charles Quint à l’abbaye, le célèbre Del Carpi venu d’Italie sculptait pour la première fois dans du noyer, les lambris de la grande galerie du château de Fontainebleau.

*Jeanne IV Thibousé de l’Abbaye Saint-Antoine-des-Champs