Archives de catégorie : Ébén-Histoire

Un peu d’Ébén-Histoire

L’Abbaye de Saint-Antoine-des-Champs avaient le privilège de faire travailler sur ses terres des ouvriers libres dispensés de la maîtrise. Les artisans du bois – menuisiers, ébénistes, sculpteurs, tourneurs, doreurs, vernisseurs- s’y installent en nombre.

Ébén-Histoire ou les origines du faubourg Saint-Antoine à Paris.

Révolution française

Révolution française

Traditionnellement on fait commencer la Révolution française à l’ouverture des États généraux le 5 mai 1789. Révolution françaiseElle met fin à l’Ancien Régime notamment à la monarchie absolue remplacée par la monarchie constitutionnelle (1789-1792), puis par la Première République.

« Mythe national »

« Mythe national », la Révolution française a légué de nouvelles formes politiques, notamment au travers de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 qui proclame l’égalité des citoyens de la loi, les libertés fondamentales et la souveraineté de la Nation, se constituant autour d’un État. Elle a entraîné la suppression de la société d’ordres, ainsi que la féodalité et ses privilèges. Révolution françaiseElle a entraîné une plus grande division de la propriété foncière et la limitation de l’exercice politique. Enfin, elle a entraîné le rééquilibrage des relations entre l’Église et l’État et la redéfinition des structures familiales.

Été 1790Révolution française

12000 volontaires terrassiers, maçons, charretiers travaillent sur le chantier du Champ-de-Mars. La Fête de la Fédération célébrée le , et la Prise de la Bastille un an plus tôt, sont les événements inauguraux et emblématiques de la Révolution française. Louis XVI, roi de France, assiste à cette fête et y prête serment à la Nation et à la loi dans un climat d’unité nationale, en présence des députés des 83 départements de l’époque. Révolution française de 1789

Je profite du contexte. Connaissez-vous l’ancêtre du yoyo? A l’époque on l’appelait émigrette ou encore coblentz. Cet objet était fait en bois de citronnier et il fit la fortune en à peine 10 années du menuisier-tabletier Rochet. Installé rue de Lappe à l’enseigne du Singe vert, il y fabriqua 25000 émigrettes. Alors ? pourquoi « émigrette », « coblentz »? C’était pour se moquer des nobles et des riches qui avaient préféré l’éxil à une révolution qu’ils prévoyaient douloureuse.

Je remercie wikipedia.org de m’avoir fournie les images et le texte et vous invite à découvrir le site histoires de paris.fr.

Immigrés du faubourg Saint-Antoine

Immigrés du faubourg Saint-Antoine

7ème volet d’une ében-histoire de la communauté des gens du bois à Paris. Si vous avez manqué le début voici les articles précédents :

Le style Louis XV   XVIIIe siècle

Bois de rose    XVII/XVIIIe siècle

Armoires et cabinets Boulle    XVIIe siècle

La commode Boulle    XVIIe siècle

Menuisiers en ébène    XVIe siècle

Eloges du bois de noyer    XVe siècle

Immigrés du faubourg à l’été 1789immigrés du faubourg saint-antoine

Inclémence du temps. L’anarchie économique et financière dans laquelle se débattait le royaume depuis de longues années, rend la vie de plus en plus difficile aux classes laborieuses. Au royaume du bois, Jean-Henri Riesener demeure le plus grand, le plus riche et le plus respecté. Mais perturbé par des soucis conjugaux et une brouille avec l’administration du Garde-Meuble royal, il réduit sa production de chefs d’œuvre. Il ne travaille plus que pour la reine qui lui avait conservé ses faveurs. Au moment même où les insurgés prenaient la Bastille, Riesener mettait la dernière main à l’une des deux magnifiques commodes que Marie-Antoinette lui avait commandées pour le château de Saint-Cloud. La seconde sera terminée et livrée en 1792.

Dans le faubourg

Depuis des siècles dans le quartier du Faubourg se distingue une sorte de communauté des gens du bois, ébénistes, menuisiers, sculpteurs, serruriers et ciseleurs venus de toutes les régions d’Europe… et rejoindre les immigrés du faubourg Saint-Antoine.

L’accumulation des erreurs depuis un quart de siècle et la coupable faiblesse de deux rois, a rendu inévitable la transformation du mouvement d’idées créé par les philosophes en embrasement révolutionnaire. Une vague de retour à l’antique emporte avec elle les gouffres du démodé et les courbes arbitraires. Également, cette vague de retour à l’antique emporte les rocailles abusives et les moulures trop chantournées.

13 abbesses se sont succédées en 3 siècles. Le marché Beauvau se trouve quartier Saint-Antoine et c’est le nom de la dernière abbesse.

Le style Louis XV

Le style Louis XV

Si le roi règne de 1715 à 1774, le style auquel il a donné son nom ne s’élabore qu’à partir de 1730. Puis il commence dés 1780 à subir les influences qui aboutiront au style Louis XVI.

Le style Louis XV, constitue sans doute la plus grande période du mobilier français. Les matériaux sont très variés et les techniques sont remarquables. Les formes se multiplient en s’adaptant à toutes les nécessités : les meubles deviennent maniables et pratiques sans cesser d’être élégants.le style Louis XV

Jean-Henri Riesener, comme de nombreux ébénistes de son temps, vient à Paris afin d’y accomplir sa future formation. Vers 1755 il arrive à Paris et entre dans l’atelier de Jean-François Oëben, lui-même immigré allemand. À la mort de celui-ci en 1763, Riesener prit la direction de l’atelier de son défunt maître. Tant que Riesener n’eut pas sa propre maîtrise, il utilisa l’estampille de J.-F. Oëben et jusqu’en 1767, ses meubles portent le nom de son prédécesseur.

le style Louis XVÉbéniste ordinaire du roi

Reçu maître en 1768, Riesener fut nommé « ébéniste ordinaire du roi » en 1774 et devient le fournisseur officiel de la Couronne. De 1769 à 1784, il fournit la cour et la famille royale — notamment la reine Marie-Antoinette, en meubles fastueux de style néo-classique. Considéré comme l’un des meilleurs représentants du style transition, il achève notamment en 1769 le célèbre secrétaire à cylindre de Louis XV, ou « bureau du Roi », commencé par Oëben neuf ans plus tôt.

Riesener s’entoure d’une clientèle fabuleuse, il est l’ébéniste à la mode, le tout-Paris veut acheter ses meubles, son succès dépasse largement les frontières, au point qu’il livre dans toutes les cours d’Europe. Mais les meubles de Riesener coûtent cher, et son principal client, la Couronne, ne peut plus honorer les factures. Fontanieu lui reproche ses prix excessifs. En 1783, le nouvel intendant général Marc-Antoine Thierry de Ville-d’Avray juge les prix de l’ébéniste beaucoup trop élevés, voire ridicules. L’atelier si prolifique et tellement en vue de Riesener va décroître rapidement au point même de se faire évincer du prestigieux Garde-Meuble de la Couronne, au profit d’un autre ébéniste, allemand lui aussi, Guillaume Beneman. En 1789, la révolution éclate.

Les illustrations sont extraites de Du Louis XIII à l’art déco Tous les styles – Elina Editions Sofédis. Les pages de Jean-François Oëben et de style transition sont issues de wikipédia.org, celle du secrétaire-à-cylindre de chateauversailles.fr.

Bois de rose

Bois de rose

Nouveau volet de la série consacrée au Faubourg Saint-Antoine et à à sa corporation d’ouvriers des métiers du bois. À part les oeuvres de Boulle qui se jouaient des modes, des règnes et des années, il ne restait plus grand chose de la lourdeur majestueuse des meubles de Versailles. Le style Louis XIV est mort avant le roi. La Manufacture Royale des Glaces fondée en 1665 par Colbert, implantée d’abord à Paris, le fût en 1692 près de Laon, dans la forêt de Saint-Gobain. En 1706 la manufacture royale des glaces devient la manufacture de Saint-Gobain.

Bois de rose : nouveau bois exotiquebois de rose

Charles Cressent est le successeur de André-Charles Boulle qui lui a dit un jour « tu fais ce que j’avais prévu, en changeant sagement nos lignes droites et sévères, en style curviligne élégant ». Cressent abandonne les incrustations d’écaille, d’ivoire ou de cuivre. Il utilise de nouveaux bois exotiques qui donnent bonne mine aux commodes et allégresse aux armoires. Ces bois et racines sont : le bois de rose (qui vient du Brésil), l’anis jaune (des grandes Indes), le cayenne (couleur cerise), l’amboine, le santal ocre de Chine, le calembouc ou bois d’Aloés, le fustet de Jamaïque, l’ébène blanche des Moluques enfin, l’acajou du Honduras.

Cressent vs Boulle

Les commodes s’arrondissent et la traverse inférieure prend un profil en arbalète. Cette traverse on la doit à Cressent et la commode en arbalète aux lignes plus légères est rapidement adoptée. bois de roseDiscrètement galbée, elle est composée seulement de deux rangées de tiroirs, des pieds de biche assez hauts, garnis à leur extrémité de feuilles d’acanthe en bronze. Enfin, des bronzes ciselés et puisssants soulignent l’encadrement des tiroirs, les entrées de serrure et protègent les angles.

Contrairement à Boulle, Cressent n’hésite pas à décapiter les personnages d’une scène en ouvrant un tiroir. Ou bien encore couper un décor en tirant la porte d’une armoire. Nous sommes en 1735/40, la Manufacture des glaces fait vivre 500 personnes.  L’acajou est un nouveau bois dont tout le monde raffole.

Armoires et cabinets Boulle

Armoires et cabinets Boulle

Cette 4ème partie de l’Ébén-histoire que je vous propose, en dit un peu plus sur les origines d’André-Charles Boulle.

La marqueterie, dont Boulle est le maître incontesté, connaît sous Louis XIV un grand développement. Mais d’où vient André-Charles Boulle?

Né en 1642 et mort en 1732, ses parents sont installés dans la galerie du Louvre depuis deux générations. Venus de Suisse sous Henri IV, ils sont dispensés de la maîtrise, c’est à dire qu’ils dépendent directement du roi. Bien que fournisseur du roi, Boulle lui-même échappe à l’autorité de Le Brun. Il sut s’entourer d’artistes de talent comme Berain (graveur de compositions servant de guide) ou Caffieri (sculpteur sur bois).

Armoires et cabinets Boulle

Les armoires Boulle

Rares et somptueuses, les armoires Boulle ont une silhouette assez raide. Incrustées de cuivre et d’écaille, elles ont des corniches, des charnières et des socles soulignés d’admirables bronzes.armoire_BoulleLa marqueterie de Boulle s’exécute à partir de matériaux très différents. Elle utilise de nombreux bois aux couleurs variées et contrastées : le jaune de l’amandier et du buis, le blanc pur du houx, le rouge du poirier, le gris rosé du bois de Sainte-Lucie, la gamme des bruns allant jusqu’au noir du noyer.

Armoires et cabinets Boulle

La marqueterie de Boulle, à base d’éléments minéraux et animaux, utilise d’une part le cuivre, l’étain et l’argent, et d’autre part la corne, l’écaille, la nacre et l’ivoire. Cette dernière technique permet de faire simultanément 2 compositions ornementales très fines: – dans l’une le fond est en écaille, le décor est en cuivre. C’est la marqueterie « en première partie ». – dans l’autre, le fond est en cuivre, le décor est en écaille : c’est la marqueterie « en contrepartie ».

Les cabinets Boulle

Le cabinet (détrôné par la commode) plus particulièrement le cabinet posé sur un meuble d’appui, est aussi typique du XVIIe siècle que le buffet sculpté l’a été du XVIe.cabinet_BoulleSur la vue un « cabinet à marqueterie d’ébène et d’écaille, fabriqué pour la Couronne de France. Sans doute est-ce une des premières œuvres d’André-Charles Boulle. » Extrait de Histoire du mobilier -Edward Lucie-Smith- Collection l’univers de l’art- Editions Thames & Hudson.

La commode Boulle

La commode Boulle

Dans la nouvelle série : Ebén-histoire

Aujourd’hui le troisième volet.

Précédemment dans Menuisiers en ébène : à la fin du XVIe siècle, début de l’utilisation de l’appellation « menuisiers en ébéne ». Ces artisans fabriquent principalement des cabinets marquetés. Le faubourg Saint-Antoine devient un exemple.

La commode Boulle

Le ministre du roi, Colbert et Le Brun* découvrirent le talent d’ André-Charles Boulle qui fût convoqué dans la maison des Gobelins, rue Mouffetard. [Petit rappel historique : dés 1450 Jehan Gobelin avait fait fortune dans la teinturerie et Colbert avait acheté cette maison 40 000 livres au hollandais Glucq (teinturerie de laine et atelier de tapisserie)]. Puis Colbert recommande Boulle à Louis XIV et il entre au Louvre.

la commode Boulle
Louis XIV visitant la manufacture des Gobelins

En 1662, la Manufacture Royale de glaces et miroirs s’installe au Faubourg. Car le roi souhaite à présent se regarder dans un miroir non plus vénitien (Murano) mais français. Vers 1666, A.C. Boulle intègre la manufacture des Gobelins, que le ministre Jean-Baptiste Colbert vient d’installer pour fournir Versailles en objets d’art. La manufacture des Gobelins est incluse dans la manufacture des meubles de la couronne et reçoit de l’édit royal en novembre 1667, son organisation définitive.

Les meubles doivent demeurer des accessoires qui mettent en valeur l’architecture et la décoration des bâtiments. Charles Le Brun.

la commode Boulle

Commode d’André-Charles Boulle avec trois tiroirs longs et deux courts sous la ceinture. Les incrustations en écaille de tortue et les détails des fleurs polychromes gravent un fond en cuivre. Le plateau est en marbre brocatelle d’Espagne. Pieds d’animaux.

La commode Boulle

Cette commode aux montants verticaux, à la façade et aux côtés plats, comporte quatre tiroirs. Le bronze des masques ou mascarons, des mains, de l’entrée des serrures et des chutes souligne sa marqueterie en écaille et en cuivre. La rigueur sévère de la ligne contraste très heureusement avec la somptuosité du décor. Extrait de Du Louis XIII à l’art déco Tous les styles – Elina Editions Sofédis

La commode Boulle fit prospérer le Faubourg pendant deux siècles.

* Charles Le Brun, peintre du roi, joua le rôle de commissaire des arts visuels. Il s’occupait des ouvrages de sculpture et d’ornement des bâtiments de la couronne, ainsi que du mobilier des châteaux royaux.

Menuisiers en ébène

Menuisiers en ébène

Dans la nouvelle série : Ébén-histoire

Aujourd’hui deuxième article.

Précédemment dans Eloges du bois de noyer : débuts de la corporation d’ouvriers du Faubourg Saint-Antoine vers 1465. L’abbaye de Saint-Antoine-des-Champs a le privilège de faire travailler sur ses terres, des ouvriers libres dispensés de la maîtrise. Les artisans du bois s’y installent en nombre.

Menuisiers en ébène

Les mots « ébéniste » et « ébénisterie » ne sont pas encore utilisés.

Retour au XVIe siècle. Aux alentours de 1590 on commence à nommer les menuisiers en ébène. Ils fabriquent des cabinets marquetés. Christophe a l’idée d’utiliser les services des meilleurs ouvriers hollandais pour relancer l’art du meuble. Cela intéresse fort Henry IV, Sully et le corps des ingénieurs. Le Faubourg si longtemps critiqué et combattu par les corporations, devient un exemple.

Menuisiers en ébène =  ébénistes –> marqueterie

Les menuisiers (tout court) fabriquent les sièges et les tables à pieds tournés. C’est un style crée sous Henri IV et les meubles sont montés en séries pendant tout le règne de Louis XIII.

À cette époque, on allait voir Molière à l’Hôtel du Petit Bourbon. 14 jours étaient nécessaires pour aller de Bordeaux jusqu’au Faubourg Saint-Antoine, à pied et à dos de mule. La reine de France Marie de Médicis est à l’origine du goût pour les meubles d’ébène. Les spécialistes de la fabrication des cabinets marquetés prirent le nom d’ébénistes.

On parle de maîtres-ébénistes pour la première fois à Paris en 1638.

L’Édit royal de 1657 confirme les ouvriers du Faubourg Saint-Antoine libres dans leurs privilèges.

Pour voir à quoi ressemble un cabinet marqueté, je vous conseille de consulter la vitrine d’AnticStore où j’ai prélevé cette photo d’un admirable travail de marqueterie. Vous pourrez voyager au fil des styles et des époques des meubles présentés.

menuisiers en ébène

 

Eloges du bois de noyer

Eloges du bois de noyer

Je vous propose un premier volet d’une nouvelle catégorie.

Ébén-Histoire est le nom de cette nouvelle catégorie.                       Nous découvrirons les débuts de la corporation d’ouvriers du Faubourg Saint-Antoine. Au fil des siècles, nous apprendrons comment le faubourg Saint-Antoine devint dans la première moitié du XVIIe siècle, le principal centre de production de cabinets d’ébéne sculptés et gravés. Durant la seconde moitié du siècle celui des meubles en marqueterie.

Les origines du faubourg Saint-Antoine

Les débuts de la corporation d’ouvriers du faubourg se situe aux environs de 1465 sous le règne de Louis XI. Voilà deux siècles que sur les Chantiers de Bercy, les chalans débarquent le bois destiné à la construction des maisons et des meubles. Grâce aux pouvoirs de basse et haute justice de l’abbesse*, les ouvriers de Saint-Antoine cessent d’être sous la coupe des jurandes parisiennes. Ces jurandes, charges de jurés dans la corporation d’artisans, avaient leurs propres règles rigides et contraignantes. Pour les ouvriers de Saint-Antoine, il suffisait d’être agréés par la Mère et de s’engager à fournir « un ouvrage honnête de bon bois sec et d’assemblage solide ». Ce qui allait de soit pour les gens du bois qui se considéraient comme les aristocrates des professions manuelles.éloges du bois de noyer

Le bois de noyer fait rêver

En 1535, le bois de noyer n’est pas encore utilisé. Il le fût par J.B. Thirion petit-fils de Pierre de la 3ème génération découvrant les attraits du bois de noyer. Les palmettes sculptées dans le noyer y apparaissent plus fines et plus joliment découpées que dans le chêne. « …le blond noyer dont l’or s’enrichit de châtoiements nouveaux, chaque fois qu’on le cire ». En 1540, un an après le passage de Charles Quint à l’abbaye, le célèbre Del Carpi venu d’Italie sculptait pour la première fois dans du noyer, les lambris de la grande galerie du château de Fontainebleau.

*Jeanne IV Thibousé de l’Abbaye Saint-Antoine-des-Champs